Les « pensées bêtes »

Point de départ . Point de retour. Sans arrêt un aller / retour entre le passé et le présent. C’est un lien. Lien qui nous retient, nous unit, nous conditionne pour ne pas la perdre … et perdre la tête parfois. Alors on se construit des pense-bêtes, pour ne pas oublier qu’on a de la mémoire. Signe visuel et mémoire de l’esprit.
Je me suis dit que les pense-bêtes étaient en quelque sorte des « pensées bêtes » : pour ne pas oublier que l’on doit faire quelque chose, dire quelque chose.
Moi mes « pensées bêtes » concernent mon environnement : ce que je lis, ce que j’entends, ce que j’écoute, ce que je vois, ce que je pense, … elles me traversent l’esprit, vite. Elles fusent. Incroyable. Je les transcris. Moins vite. D’où une sélection.
Comme le travail est répétitif … Ecrire, répéter la même phrase, le même début, à peu près, des « surtout pas », l’esprit s’occupe, gamberge, divague. Pour ne pas oublier ce que j’ai pensé à l’instant, à l’instant du faire, de la peinture. Surtout pas.
Comme toutes ces actions, faits et gestes du quotidien : se lever, manger, se laver, s’habiller, écouter les nouvelles à la radio, aller au travail … C’est quasi machinal, on le fait par habitude. J’ai choisi de filmer un de ces moments là, le chemin de chez moi au lycée, du lycée à chez moi. Ce n’est pas long. C’est répétitif. Tous les jours. Quatre allers et retours par semaine. Pour ne pas oublier ce rythme là. Et le relier à celui de la peinture. Question de rythme, de temps, de vie … Constat simple et ironique. Le film est montré en boucle avec un effet au montage afin de lui donner une texture et éviter une impression de documentaire.
Les trente-deux « pensées bêtes » sont accrochées au mur. L’écran est posé au sol, avec des vêtements – ceux du peintre : ses chaussures et son pantalon -, du matériel de peinture (pinceaux, pots) et des traces de peinture bleue, blanche, grise … comme si tout avait été fait sur place. Impression de vie, fugace et poétique.